SYNDICAT SUD SANTE SOCIAUX 35

CHP Saint Grégoire en grève : quand les financiers épuisent les soignants

vendredi 29 mars 2019 par Sud Santé Sociaux 35

La couverture du magazine Le Point, consacrée au "Palmarès 2018 des meilleurs hôpitaux et cliniques de France", est affichée au dessus de l’entrée principale du CHP Saint-Grégoire. Et pour cause, ce magazine a placé l’établissement en tête des cliniques privées. POurtant, la réalité derrière est toute autre, et ce sont les soignant.e.s qui en paient le prix au quotidien.

Les salarié.e.s du CHP Saint Grégoire sont en grève illimitée depuis le 25 mars, grève décidée en Assemblée Générale en fin de semaine dernière. Depuis, la mobilisation bat son plein, avec l’appui de l’intersyndicale SUD - CFDT - CGT. Le hall d’entrée principal est occupé dans une ambiance festive et déterminée. Mardi, une première manifestation a eu lieu dans Saint-Grégoire. Ce 27 mars, c’est une nouvelle opération "Parking gratuit" qui est menée.

Près de l’entrée des urgences, des soignantes distribuent des tracts, entre deux répétitions d’un haka revendicatif. Au niveau du hall principal, la pression est maintenue sur la direction, par l’organisation sous ses fenêtres d’un clapping, et de chants interpellant directement le directeur de l’établissement.

Le cauchemar de l’ambulatoire

Ce qui a fait déborder le vase, c’est la situation "d’Hôpital en Tension", liée à la surcharge des filières d’urgence dans le bassin rennais ; une situation que connaissent bien aussi les soignant.e.s du CHU. Or, on demande à tous ces établissements, sans moyens supplémentaires, voire même en en supprimant, de faire face à une très forte augmentation de la charge de travail. Résultat : désorganisation du travail, épuisement, une Direction qui refuse d’embaucher.

Mais les salarié.e.s sont unanimes sur un autre constat : ils dénoncent la transformation de leur établissement en usine à chirurgie. Pour rentabiliser au maximum, les cadences s’intensifient au-delà du tolérable, au détriment de la qualité et de la sécurité de la prise en charge. Le but : sur une seule et même place, avoir 3 patient.e.s dans la même journée... pour rapporter plus. Les infirmier.e.s sont multi-tâches : en plus du soin, elles doivent gérer l’administratif, l’hôtellerie.

Et en rentrant chez soi, la journée n’est pas finie : "on repense à tout ce qu’on a fait, ce qu’on a pas pu faire", c’est l’angoisse d’avoir mal fait ou oublié.

Cerise sur le gâteau, leur encadrement leur demande "de faire des suggestions pour faire payer plus au patient", ce qui heurte leur éthique professionnelle... "on ne supporte plus ces injonctions paradoxales".

"on est la première clinique de France aussi en termes de mauvaises conditions de travail’", résume une gréviste. "Plus on accepte d’en faire, plus on nous en demande", complète une collègue.

Ils insistent également sur la manière dont les patient.e.s sont traité.e.s. Pour gérer les lits au plus juste, les personnes sont prévenues seulement la veille de leur heure de passage, à eux de s’en débrouiller, notamment pour rester à jeun.

Les temps d’attente, avant ou après, ne se font pas dans des chambres, au calme, mais dans des salles d’attente, où les familles ne peuvent pas accompagner : "On vend la Révolution de l’ambulatoire, mais on ne tient absolument pas compte du stress que cela génère, ni du besoin de prise en charge des patient.e.s".

Résultat, en janvier, une centaine d’arrêts maladie, témoignent du craquage des soignant.e.s.

Et puis il y a la question des salaires. Alors que Vivalto engrange les bénéfices, les salarié.e.s sont payé.e.s au lance-pierre. Une infirmière nous fait part de son amertume : "après 30 ans de carrière, je suis payée 2000 euros, ils ont supprimé les primes". L’une des revendications principales est l’ouverture de véritables négociations salariales.

La grève est un succès, la Direction refuse pour l’instant d’ouvrir la négociation et joue la montre. Après une tentative de réquisitions abusives... par SMS, elle a dû faire appel au Préfet. Des réquisitions en bonne et dûe forme, délivrées par voie d’huissier, à 80 euros l’acte. Cela passe très mal chez les grévistes : "pour les huissiers, il y a de l’argent, pas de problème."

"Première clinique du Fric" !!!

Pourtant, leur propriétaire, Vivalto, ne manque pas de moyens, pas plus que ses actionnaires, les banques Arkea (Crédit Mutuel), la Caisse des dépôts, la Macsf, BNP Paribas et Crédit Agricole et ... Mubadala, un Etablissement d’investissement des Emirats Arabes Unis ! Ensemble, il détiennent 67% de la maison mère de Vivalto Santé. Celle-ci rachète tout ce qu’elle peut. 3e groupe d’hospitalisation privée de France, Vivalto vient de racheter la polyclinique de Cesson-Sévigné. En 2018, malgré l’échec du rachat des activités de Capio France, son chiffre d’affaires est à 521 millions d’euros.

Pour les grévistes, c’est aux actionnaires et à la politique exapansionniste de Vivalto que sert l’argent économisé sur leurs conditions de travail et leurs salaires. De l’argent, qui sert uniquement à faire encore plus d’argent.

UNe logique que plus personne ne veut cautionner. Le vendredi 28 mars, les salarié.e.s mobilisé.e.s ont à nouveau manifesté dans les rues de Saint Grégoire

RASSEMBLEMENT MARDI 2 AVRIL 2019 A PARTIR DE 14h DEVANT LA PREFECTURE MARTENOT

Pour les soutenir :

La pétition en ligne sur change.org

La caisse de grève en ligne

Retrouvez ci-dessous un reportage de FR 3 BRetagne sur la grève :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/saint-gregoire-greve-illimitee-clinique-privee-1644244.html


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